#5 - Faut-il vivre de sa passion?
Si vous avez lu la presse féminine ces dernières années il ne vous aura pas échappé comme ce thème d’un métier passion a fait le buzz.
Et vas-y que je te cite ce pauvre Confucius à tout va, « Choisis un travail que tu aimes et tu n’auras jamais à travailler un seul jour de ta vie. » et que je t’encourage à aller élever des chèvres dans le Larzac.
Et d’ailleurs si vous posez la question autour de vous, tout le monde a envie de vivre de sa passion, et personne ne vous dira “ Calibrer des tableaux Excel au 30e étage d’un open space de la Défense avec Michel qui respire beaucoup trop fort en face de moi me remplit de joie.”
Alors je ne dis pas que Confucius ne dit que des conneries, mais à mon sens avant de se lancer pour être prof de surf, potière, love coach ou ébéniste il y a quelques questions à se poser et quelques erreurs à éviter.
4 très exactement.
Parce que vivre de sa passion ça peut très bien fonctionner pour certains mais ça peut aussi devenir un enfer si l’on est mal préparé.
Vous me suivez?
1- Ma passion est-elle viable?
Je sais, vous allez dire que je suis un peu obsessionnelle avec ça mais on va parler d’argent (et c’est pas la dernière fois). C’est un peu ce qui apparaît en priorité quand on a envie de se lancer dans un métier passion mais qu’on n’ose pas vraiment: vais-je pouvoir en vivre?
On projette parfois beaucoup sur un métier sans se rendre forcément compte du quotidien, de la réalité financière ou logistique.
L’erreur numéro 1 c’est de se lancer dans une activité où il n’y a pas de marché, pas d’acheteurs, pas d’intéressés.
Ce qui vous mène assez rapidement alors que vous pensiez vivre de votre passion à survivre de votre passion.
Et ça c’est beaucoup moins drôle.
Parfois on est persuadé que nos créations en macramé fluo, où que nos robes pour chiens cousues main vont rencontrer un succès fou, et puis non.
Alors on se persuade que si, que c’est juste une question de temps avant que l’on se rende compte de notre talent, mais en réalité on va dans le mur tout schuss.
Alors comment fait-on pour y remédier ?
Vous faites bien de poser la question.
Le 1e remède
C’est une stratégie dont j’ai très souvent parlé dans les boîtes à outils, mais qui est assez simple: testez votre idée pendant que vous travaillez encore, pendant que vous n’êtes pas à risque!
Le meilleur moyen de savoir si ce dans quoi on va se lancer a des chances de fonctionner c’est de tester son marché avant d’être complètement sans filet.
Au bout de 6 mois d’efforts et 2 robes pour chiens vendues, je pense que ça vous fera déjà un bon aperçu de l’état du marché.
Créez un petit e-shop, démarchez vos proches, les amis d’amis pour voir si le besoin que vous avez imaginé existe ou si vous êtes complètement à côté de la plaque.
L’idée est de comprendre le plus vite possible si des gens sont prêts à payer pour ce que vous projetez de développer.
Le 2e remède
C’est de faire un “vis ma vie”.
🎧 Vous pouvez d’ailleurs creuser le sujet en écoutant l’épisode #31 “Faut-il suivre sa passion?” avec la coach Florence Meyer.
Essayez sur votre temps libre de vous mettre dans la peau de celui que vous voulez devenir.
Si vous voulez devenir taxidermiste, coach de feng shui, barbier ou développeur essayez de passer du temps avec quelqu’un qui exerce déjà ce métier sur votre temps libre.
C’est le meilleur moyen de comprendre :
le métier en lui même
La réalité du quotidien et surtout la réalité financière, et comprendre si cela est en cohésion avec ce que vous attendez!
En résumé: testez votre idée au maximum avant de vous lancer!
2- Loisirs passion = métier passion?
C’est un travers extrêmement répandu si vous discutez avec des gens qui ont déjà sauté le pas pour un métier passion.
Une passion que l’on exerçait pour son plaisir va complètement se métamorphoser quand on décide d’en faire une activité professionnelle.
Pourquoi?
Parce que de nombreuses activités connexes vont se rajouter.
Trouver des clients, gérer de l’administratif, gérer des commandes etc .
Finalement beaucoup de personnes qui se sont lancées à leur compte à plein temps se sont rendu compte qu’elles pratiquaient beaucoup moins que lorsqu’il s’agissait d’un hobby!
🎧 Capucine, céramiste, dans l’épisode #21 “Entreprendre dans l’artisanat avec succès” en parle d’ailleurs très bien si vous voulez creusez le sujet.
Il s’agit donc d’avoir conscience de ces contraintes qui vont se rajouter à votre activité principale, et se poser la question suivante:
Etes-vous prêts à pratiquer peut-être moins au détriment de toute la partie logistique, financière et pratique inhérente à toute activité professionnelle?
🍳Très souvent mes amis m’ont dit “on adore venir bruncher chez toi, tu devrais trop ouvrir un coffee shop!”
Pardon?
Bidouiller des oeufs brouillés dans sa cuisine pour 3 péquenauds (bien que j’aime beaucoup ça), ça n’est PAS gérer des commandes, démarcher des clients, trouver du personnel, assurer un service entier, le tout pour 40 personnes.
Vous comprenez l’idée?
Le remède
La encore un bon vieux “vis ma vie” saura vous mettre dans le bain direct d’un métier passion.
Essayez en priorité d’évaluer les contraintes, le temps passé sur son activité passion versus le temps passé sur toutes les autres tâches.
🌼Un exemple
Il y a quelques années j’ai rencontré quelqu’un passionné de 🌼fleurs🌼, qui se sentait frustré dans son job et qui me disait avoir besoin de beaucoup plus de créativité.
Cette personne avait projeté beaucoup sur le métier de fleuriste qui selon elle concentrait beaucoup d’avantages et comblerait les manques qu’elle pouvait ressentir dans son poste actuel.
Elle a donc fait un vis ma vie chez un fleuriste de son quartier pendant ses weekends.
Mais ce dont elle s’est vite rendue compte c’est que le métier de fleuriste ne comblait pas du tout son besoin de créativité. Il y avait certes de la créativité dans ce métier, mais c’était une part minoritaire par rapport à beaucoup d’autres choses comme la logistique, l’achat des matières premières, l’administratif, la vente etc.
Elle s’est donc rendu compte que ce n’était pas vraiment le métier de fleuriste qui pourrait lui convenir mais plutôt celui de scénographe, ou de designer floral, ce qui comblerait davantage son besoin créatif.
En résumé: évaluez le quotidien d’un métier passion, et le ratio entre pratique & tout le reste des activités nécessaires à une entreprise.
3- J’ai trop de passions, comment choisir?
Vous êtes passionné et c’est un trait caractéristique de votre personnalité.
Vous faites tout à fond, le sport de haut niveau, les sudokus, l’art du sushi ou encore le air guitar.
Vous adorez apprendre de nouvelles choses, vous vous sentez stimulé, et c’est tout naturellement que vous pensez à choisir l’une de ces passions pour en faire votre métier.
Même si le choix est difficile, car vous aimez beaucoup de chose.
Choisir c’est renoncer, alors choisir l’une de ces passions pour s’y consacrer à temps plein c’est un peu renoncer à toutes les autres.
Dans ce cas de figure il est intéressant de comprendre si avoir plusieurs passions est inhérent à votre personnalité, si vous êtes multipotentiel.
📚Je vous invite à cet égard à en lire davantage avec l’ouvrage de Barbara Sher Je ne veux pas choisir ! qui traite de ce phénomène d’avoir de multiples passions et centres d’intérêts et de ne pas savoir se canaliser.
Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose en soi.
Il faut juste en avoir conscience, et comprendre que parfois se concentrer sur une seule passion ou un seul centre d’intérêt ne convient pas à son tempérament, son mode de pensée.
Alors comment fait-on pour y remédier ?
Je crois bien que la solution ne va pas vous plaire.
Mais on n’est pas là pour faire des courbettes.
Le remède
Soit vous trouvez le moyen de combiner plusieurs passions ou centres d’intérêts en un métier viable de manière à ne pas vous ennuyer ou renoncer le moins possible.
C’est par exemple le cas des slasheurs (même si je déteste ce terme) qui combinent plusieurs activités rémunératrices.
Soit vous conservez vos multiples passions sur les temps de loisirs pour vous ressourcer si c’est vital pour vous et vous creusez le sujet de ce qui peut vous épanouir au travail en gardant ces passions de côté au rang de loisirs.
En résumé: quand on est passionné par plein de choses, c’est parfois qu’il y a une bonne raison, et qu’il ne faut pas forcément n’en garder qu’une pour métier.
4- Et si je me créais une passion?
Devant les nombreuses injonctions actuelles, on se sent d’autant plus coupable si l’on n’a pas de passion à proprement parler.
Certains se reconnaîtront si je leur dis qu’on peut avoir des hobbies, des centres d’intérêts mais pas de véritable passion.
Et c’est complètement ok.
Le risque est de vouloir à tout prix faire d’un de ses hobbies une passion, de se projeter dans un domaine qui nous intéresse en se disant que tout nos problèmes vont se régler en poussant un peu le destin.
Spoiler alert : on peut tout à fait s’épanouir dans son travail sans avoir de passion.
La société actuelle nous pousse à regarder de ce côté-là en ce moment si bien qu’on se sent presque obligé parfois de se créer une passion de toute pièce.
C’est vous vous en doutez une belle connerie.
Alors comment fait-on pour y remédier ?
Le remède
Au lieu de vous inventez à tout prix une passion, cherchez plutôt ce qui ne vous intéresse plus dans votre travail.
Qu’est ce qui vous dérange? Qu’est ce qui vous plaît au contraire?
Comment pouvez- vous y apporter de la nouveauté en changeant de secteur? de pays?d’entreprise? ou en rejoignant un nouveau projet?
Mais ne cherchez pas forcément du côté d’une passion théorique.
En résumé: recentrez la réflexion sur ce qui vous plaît et ce qui vous déplaît dans votre travail actuel et sur ce dont vous avez vraiment besoin au quotidien. Créativité? Echange? Challenge?
📚Conclusion
Si on récapitule, quand vous caressez l’idée de vous lancer dans un métier passion voici les 4 questions à vous poser avant de plonger:
Ma passion est-elle viable? Y-a-t-il un marché, une demande, de la place?
Quelle sera la différence au quotidien entre cette passion pratiquée en tant que loisir et cette passion pratiquée en tant que métier?
Ai-je plusieurs passions? Si oui est-ce que c’est un choix judicieux d’en choisir une pour me lancer à plein temps?
Cette passion en est-ce vraiment une, ou est-ce plutôt une excuse pour ne pas réfléchir à mon réel mal-être dans mon job actuel?
Je vous souhaite une belle semaine et je vous dis à la semaine prochaine pour une nouvelle histoire de Bascule dans vos boîtes! ✨
Et si vous connaissez des gens autour de vous qui ont peut-être besoin de la recevoir pour changer de vie, n’hésitez pas à la partager!